Verts, les festivals!

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 24 juin 2024 Initiative de journalisme local
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Au Festif! de Baie-Saint-Paul, le développement durable a son kiosque et son escouade verte! Photo Jay Kearney

Qu’ont en commun les festivals Eau Grand Air de Baie-Comeau, du Vieux Quai en fête de Sept-Îles, de la chanson de Tadoussac et Le Festif! de Baie-Saint-Paul? Ils promettent tous beaucoup de plaisir, bien sûr, mais partagent également un engagement exponentiel envers le développement durable!

Eau Grand Air prêche par l’exemple

Le Festival Eau Grand Air de Baie-Comeau (4 au 6 juillet) connaît la chanson… du développement durable! Toute une section de son site internet y est consacrée et le contenu se traduit en gestes concrets sur le terrain avant, pendant et après l’événement. 

« Ç’a toujours fait partie de notre vision. Malheureusement, en raison des coûts, on n’a pas encore fait un virage vert à 100%, mais on s’est doté d’un plan de développement durable officiel qu’on réalise pas à pas selon un échéancier », indique la présidente du conseil d’administration, Joëlle Bernier.  

Eau Grand Air a adopté les écocups. Courtoisie

La mise en place d’îlots de récupération multimatières est au programme de 2024, tout comme une première comptabilisation des émissions de GES au moyen d’un sondage sur les habitudes des festivaliers en matière de transport. « À partir de ça, on fera un plan de réduction », indique Mme Bernier. 

L’équipe du festival ne ménage pas ses efforts dans le but d’obtenir la norme  BNQ (bureau de normalisation du Québec) sur la gestion responsable d’événements. Cette norme établit des règles techniques en s’appuyant sur les 16 principes de la Loi sur le développement durable du Québec afin de « diminuer l’empreinte des événements sur l’environnement naturel et humain et d’augmenter leurs retombées économiques et sociales ». 

Tout ça doit se faire, évidemment, avec la complicité des festivaliers dont les comportements évoluent dans le bon sens, selon Joëlle Bernier. « Oui, les festivaliers sont de plus en plus conscientisés et ils adhèrent aux valeurs du développement durable, mais ce n’est pas une bataille qui est gagnée. Il faut continuer de marteler le message! »

Exit les feux au Vieux Quai en fête

Christophe James aura 30 ans cette année, soit le même âge que le Festival du Vieux Quai en Fête de Sept-Îles (11 au 14 juillet) dont il est le coordonnateur depuis deuxans. Le développement durable n’y est pas un concept nouveau. 

Le festival du Vieux-Quai en Fête de Sept-Iles attire les foules. Courtoisie

L’achat local est une des priorités de l’équipe depuis que le festival existe. « On travaille le plus possible avec les fournisseurs locaux, même s’il y  a souvent des options moins chères à l’extérieur », explique M. James.  D’autres actions sont bien implantées. Les mêmes objets de signalétique en coroplast sont utilisés année après année et l’utilisation du papier est limitée à son strict minimum dans tous les aspects cléricaux du festival, par exemple.

Cette année, le festival offrira pour la première fois un service de type « valet-vélo ». « On collabore avec la boutique Mon Vélo. Les cyclistes pourront laisser leurs vélos au stationnement dédié où l’équipe les surveillera. Il sera aussi possible de faire de petites réparations sur place. »

Comme le compost fera sous peu son apparition à Sept-Îles, Christophe James estime que le festival prendra ce virage l’an prochain, tout comme le Festival Eau Grand Air de Baie-Comeau d’ailleurs. 

Les feux d’artifice ne font plus partie de la programmation de l’événement depuis 2023. « Les études ne sont pas particulièrement nécessairement concluantes sur l’impact environnemental, mais on voulait être consciencieux et on voyait que d’autres villes allaient vers ça. Les feux de forêt qui menaçaient la région étaient une raison de plus », précise le coordonnateur.  

L’avant-gardiste Festif!

Le Festif! (18 au 21 juillet) célèbre cette année ses 15 ans, un anniversaire  qui est aussi celui de son engagement envers l’environnement!  

Dès l’an 1, l’offre alimentaire était 100% locale. En 2015, après avoir remporté un premier prix VIVATS  (catégorie Alimentation), Le Festif! introduisait les verres réutilisables Écocup. 

Un comité dédié spécifiquement au développement durable se réunit de façon mensuelle pour identifier et mettre en place de nouvelles initiatives et assurer la continuité de celles qui existent déjà. Toutes ces actions ont permis à l’événement d’obtenir le niveau 3 de la Norme BNQ sur la gestion responsable d’événements, de 2016 à 2019.

Fait encore rare dans le milieu des festivals, les produits dérivés y ont été abolis en 2020. Envie d’un souvenir? Une presse à sérigraphie permet aux festivaliers et festivalières d’apposer le logo du festival sur leurs propres vêtements ou sur un vêtement de seconde main mis à leur disposition!

L’aspect social du développement durable n’est pas négligé. Dons de billets à la communauté, implantation d’un kiosque du développement en plein centre du festival, ajout d’artistes locaux à la programmationo, consultations publiques… « Il est difficile de chiffrer ou de quantifier l’impact de ce genre d’actions, mais pour nous ce sont les plus importantes. Notre implication sociale joue un rôle immense sur la fidélisation de notre clientèle et sur notre acceptation dans la communauté. C’est grâce à tout ça qu’on est encore là après 15 ans », indique Anne-Marie Dufour, confondatrice.

En 2023, 63 bénévoles se sont impliqués dans l’Escouade verte du Festif!. Ils ont notamment sondé plus de 1 000 personnes présentes, ce qui a permis d’établir à  271,65 tonnes CO2EQ les émissions de GES de l’ensemble des festivaliers. 130,54 tonnes CO2EQ qui ont été émises par les artistes. Une compensation carbone a été réalisée, par la COOP FA et son représentant régional GUEPE, via un projet d’éducation à l’environnement qui se nomme Carbone Scol’ère. Le Festif! se veut également un festival piéton. 

On vous invite d’ailleurs à signer la promesse du festivalier et à vous engager ainsi à réduire votre production de déchets, à respecter votre prochain et « les installations, les terrains privés, les commerces ou tout autre lieu de la ville de Baie-Saint-Paul », entre autres! L’audacieuse politique de développement durable 2023-2027, qu’on peut consulter sur le site web du festival, est assujettie d’un plan d’action. Plus vert que ça…

« Tadou » tout doux pour l’environnement 

Le Festival de la chanson de Tadoussac, «le plus grand des petits festivals », vient de conclure sa 40e édition. Une édition à l’empreinte écologique proportionnelle à son format. « La meilleure manière d’être écoresponsable, c’est en ayant un petit budget! », lance Myriam Sénéchal, dont il s’agissait de la première édition à titre de directrice. Comme la nécessité est la mère de toutes les inventions, ici, on recycle, on récupère, on bricole!

« Tout ce qu’on a est réutilisé année après année! On fait notre scénographie avec des choses recyclées, on n’achète presque rien de neuf, on utilise le bouche-à-oreille, le savoir local : il y a tout le temps quelqu’un qui est prêt à nous prêter ou à nous donner quelque chose dont on a besoin! », salue-t-elle.

Le festival a lui aussi sa politique de développement durable. « On a une belle politique avec des beaux mots, mais c’est un festival à échelle humaine, intime, et c’est ce qui nous permet d’incarner les valeurs qui sont dans dedans! » 

Le cadeau de Tadoussac à ses festivaliers pour les 40 ans du Festival : Qualité Motel à la plage! (Photo Jay Kearney)

L’image de marque utilisée pour l’impression des t-shirts de l’équipe et des gourdes est intemporelle pour que la durée de vie de ces objets soit allongée. Les cocardes sont réutilisées année après année. 

« Le but, c’est de produire le moins de déchets possible! », indique Myriam Sénéchal. Un service de navette «intra-Tadoussac» est offert aux festivaliers pour limiter l’utilisation de la voiture. On souhaite également redonner vie au service de navette entre les communautés voisines de Bergeronnes, Les Escoumins et Sacré-Cœur. « On aimerait ça, un jour, avoir des vélos électriques pour que l’équipe et les festivaliers puissent se déplacer dans le village! » 

Les jours de l’impression des dépliants sont probablement comptés et l’équipe se soucie aussi de son impact numérique. « On a un poids numérique énorme. Comment rendre nos pratiques web plus écoresponsables? C’est en discussion à l’interne. » 

Au final, « le format de l’événement rend possibles des actions concrètes faciles à mettre en place », selon Myriam Sénéchal.  « On souhaite garder ça petit, intimiste, pour être en concordance avec nos valeurs! L’essence même de notre festival nous rend plus écoresponsables parce qu’on veut respecter la capacité d’accueil de la communauté de Tadoussac. Les petites jauges, la simplicité, c’est pas mal plus écoresponsable que les écocups », lance-t-elle en riant.

(Soit dit en passant, le festival a adopté les écocups (voir autre texte) depuis de nombreuses années!)

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