La chaleur cause 470 décès et 225 hospitalisations chaque été au Québec

Par Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne 8:08 AM - 19 juin 2024
Temps de lecture :

Les études précédentes réalisées sur le sujet au Québec ne mesuraient pas l’impact des périodes de chaleur extrême de moins de trois jours, et ce même si les données historiques démontrent qu’elles ont quand même un impact sur le système de santé. THE CANADIAN PRESS/Christinne Muschi

Les températures élevées ont un impact nocif très important sur le système de santé du Québec, a démontré une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique, une constatation d’autant plus importante que de tels événements risquent de se multiplier dans le contexte des changements climatiques.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les impacts sur le système de santé sont ressentis tout l’été, et non seulement lorsque la province est balayée par au moins trois journées consécutives de températures très élevées.

«On a vraiment attaqué le problème avec des températures qui sont élevées tout l’été, et pas seulement pendant trois jours», a expliqué l’auteur principal de l’article, Jérémie Boudreault.

Plus précisément, les scientifiques ont cherché à quantifier la mortalité et la morbidité liées à la chaleur en fonction de cinq paramètres de santé, toutes causes confondues: la mortalité, les hospitalisations, les visites aux urgences, les transports en ambulance et les appels à Info-Santé, pour l’ensemble des régions socio-sanitaires du Québec.

Ils ont ainsi mesuré que, chaque été au Québec, les températures élevées sont associées à 470 décès, 225 hospitalisations, 36 000 visites à l’urgence, 7200 transports en ambulance et 15 000 appels à Info-Santé.

Ce fardeau sanitaire était surtout concentré lors des 5 % des journées les plus chaudes de l’été, avec près de 200 décès, 170 hospitalisations, 6200 visites à l’urgence, 1500 transports en ambulances et 3300 appels à Info-Santé.

La chaleur, a ajouté M. Boudreault, affecte toutes les composantes du système de santé, sans aucune exception.

«C’est important d’avoir cette information-là dans un contexte de changements climatiques, par exemple pour avoir le personnel adéquat pour affronter les périodes de chaleur prolongée», a-t-il dit.

Si on sait que les appels à Info-Santé se multiplieront, a cité M. Boudreault en exemple, «ça permettra de planifier pour éviter un manque de personnel».

Les études précédentes réalisées sur le sujet au Québec ne mesuraient pas l’impact des périodes de chaleur extrême de moins de trois jours, et ce, même si les données historiques démontrent qu’elles ont quand même un impact sur le système de santé, a ajouté M. Boudreault, qui est candidat au programme de doctorat sur mesure en science des données et santé environnementale à l’INRS et qui a réalisé ces travaux sous la supervision du professeur Fateh Chebana.

Il est important de s’attarder au portrait de la situation dans son ensemble, a dit M. Boudreault.

«Qu’est-ce qu’on peut voir pour un peu passer un message au ministère de la Santé ou même au gouvernement?, a-t-il expliqué. Voici les impacts qu’on a et voici ce que seront les impacts dans le futur. Je pense que ça amène vraiment un argument solide pour dire qu’il faut mettre des mesures en place pour diminuer ce fardeau-là, qui va être de plus en plus grand.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique Environmental Research.

Partager cet article