Trois fois plus de Québécois en zones inondables: de nouvelles règles proposées

Par Stéphane Blais, La Presse Canadienne 12:59 PM - 11 juin 2024
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L’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève à Montréal avait installé des sacs de sable et de grandes pompes à eau en prévision de la montée des eaux, le dimanche 30 avril 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Peter McCabe

Trois fois plus de Québécois vivraient en zone à risque d’être inondée, selon la nouvelle cartographie proposée par le gouvernement qui invite la population à se prononcer sur la modernisation des règles concernant les zones inondables. 

Les citoyens sont appelés à donner leur avis sur plusieurs nouveaux règlements, dont la modernisation de la cartographie des zones inondables et les règles qui vont encadrer les ouvrages de protection contre les inondations (OPI), comme les digues ou les murs anti-crue.

Une nouvelle façon de faire les cartes

Environ 22 000 logements au Québec sont présentement situés en zone inondable, cartographiée. Avec les nouvelles cartes, 77 000 logements, environ 2 % de la population, se retrouveraient dans une telle zone.

Actuellement, la cartographie des zones inondables présente des cotes de récurrence de «0-20 ans» et de «20-100 ans» alors que la nouvelle génération de cartes propose une nouvelle classification avec quatre catégories de risques: faible, modéré, élevé et très élevé.

À titre d’exemple, «très élevé» correspond à un risque de plus de 70 % d’être inondé au moins une fois sur un horizon de 25 ans et à une intensité de l’eau de plus de 60 centimètres lors d’une inondation. Lorsque l’eau atteint cette intensité, les véhicules d’urgence ne peuvent plus circuler.

Il n’y a rien dans la réglementation proposée qui obligerait un riverain à se relocaliser.

Toutefois, chaque niveau de risque correspond à de nouveaux règlements concernant la construction et la rénovation des résidences qui sont situées dans ces zones.

Par exemple, un propriétaire qui possède une maison dans une zone à risque très élevé n’aurait pas le droit de construire une nouvelle résidence ou de reconstruire une maison qui a été détruite. 

Ce propriétaire pourrait toutefois effectuer des rénovations ou des modifications comme changer l’endroit où est située l’entrée électrique, ou alors aménager des chambres au deuxième étage, de façon à rendre sa résidence plus résiliente aux inondations.

Dans la zone «élevée», les nouvelles constructions seraient interdites. Certaines exceptions sont toutefois prévues et celles-ci devraient être accompagnées d’un plan de gestion de risques.

«Ces nouvelles cartes, basées sur les connaissances scientifiques les plus récentes, prendront en compte à la fois la fréquence des inondations, leur intensité en fonction de la profondeur d’eau atteinte, la présence d’embâcles, ainsi que les impacts des changements climatiques», peut-on lire dans les documents de vulgarisation du ministère de l’Environnement.

Nouvel encadrement des OPI

Actuellement, il y aurait une trentaine d’ouvrages de protection contre les inondations (OPI)  sur le territoire.

Il s’agit de mur anti-crue de béton ou encore de digue comme celle de la Ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, dans les Laurentides, qui avait cédé au printemps 2019. La crue avait causé des dommages considérables et nécessité l’évacuation d’urgence de milliers de personnes sur environ 50 rues.

Le gouvernement compte imposer une série de mesures pour s’assurer de la sécurité de ce type d’infrastructures, dont la mise en place d’un registre public.

Les municipalités devraient également réaliser une étude de caractérisation et en diffuser le résumé. Le coût ponctuel d’une telle étude est estimé à 85 000 $.

Les municipalités qui possèdent des OPI devraient aussi intégrer des mesures de prévention à leur plan de sécurité civile.

La nouvelle réglementation prévoit également des normes sur la surveillance et l’entretien des OPI. 

Un milliard de dommages

Dans un communiqué, le ministère de l’Environnement a indiqué que la règlementation proposée est nécessaire en raison de l’ampleur des changements climatiques. 

Le ministère a rappelé qu’en 2017, la crue a forcé l’évacuation de plus de 4000 personnes et touché 293 municipalités. En 2019, plus de 10 000 personnes dans 240 municipalités ont été évacuées en raison d’inondations alors que des milliers de résidences ont été inondées.

Au printemps 2023, à Baie-Saint-Paul et à Saint-Urbain, dans Charlevoix, près de 300 propriétés ont été touchées par les inondations.

Le gouvernement estime qu’à elles seules, les inondations de 2017 et de 2019 ont coûté plus d’un milliard de dollars à l’État.

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