Jean-Robert Audet lance le « Cuir de Charlevoix »

Par Emelie Bernier 11:41 AM - 11 juin 2024 Initiative de journalisme local
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Jean-Robert Audet. Courtoisie

Avec Cuir de Charlevoix, le fondateur de la bannière « Veau de Charlevoix » Jean-Robert Audet veut remettre sur la carte une industrie jadis florissante au Québec : la tannerie.

« Dans les années 1850, il y a eu jusqu’à 400 tanneries au Québec. C’était une industrie majeure qui est complètement disparue. C’est une démarche de longue haleine qui commence aujourd’hui», explique l’agronome , lui-même producteur de veau de boucherie.

Une première douzaine de peaux de ses veaux ont été tannées cette année. « 12 à 14 veaux, c’est le total de ma production annuelle alors on n’inondera pas le marché», dit celui qui aimerait lancer un mouvement. « Ce qui serait magique, ce serait d’être capable, dans chaque région, d’avoir des cuirs locaux », lance-t-il.

Pour le moment, les peaux des bovins abattus au Québec sont en très grande majorité jetées aux ordures, une « aberration » selon lui. « Ça revient à dire que tout le cuir que nous achetons est importé ! »

Les démarches de M. Audet ont débuté il y a deux ans. Les premières peaux ont été tannées par un processus écologique de tannage végétal chez Écofaune boréale, un centre de transfert technologique (CCTT) situé à Mashteuiatsh  et rattaché au CEGEP de St-Félicien.

Mais Jean-Robert Audet voit grand et l’économie circulaire est au cœur de la démarche.

Chez Écofaune boréale. Courtoisie

« On revient encore à la question de l’abattoir régional, mais si on a en plus une petite tannerie à proximité, une savonnerie, une micro-usine pour transformer les résidus de viande en nourriture pour chiens, on a un modèle d’économie circulaire vraiment intéressant qui peut permettre de rentabiliser l’abattoir. C’est vers ça qu’il faut aller aujourd’hui », affirme M. Audet.

Une étagère de produits dérivés à la boutique de la Ferme Jean-Robert Audet. Courtoisie

Le cuir est vendu à la clientèle de la boucherie et à quelques artisans locaux. « C’est pour les gens qui viennent ici (à la boutique de la ferme) et qui achètent des savons, de la viande… J’aimerais faire ou faire faire des produits dérivés. On peut aussi le vendre en petits ou en gros morceaux, pour faire de l’artisanat, de la maroquinerie à petite échelle », explique-t-il.

M. Audet a dépassé l’âge de la retraite, mais ce projet l’anime suffisamment pour qu’il y consacre l’énergie nécessaire. « J’étais sûr qu’il n’y aurait plus de projet d’envergure, mais celui-là est majeur. »

Résultat attendu d’une nouvelle étude sur les abattoirs régionaux

L’Union des producteurs agricoles (UPA) a commandé il y a quelques mois une étude sur l’implantation d’un abattoir régional en Capitale-Nationale-Côte-Nord et c’est la firme Ageco qui est en charge de la réaliser. M. Audet a d’ailleurs été invité à siéger à un comité de consultation. Il entend bien amener le sujet qui le passionne à la table.

L e ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) a injecté 40 000 $ dans la réalisation de l’étude dont les résultats sont attendus plus tard cette année.

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