Le cardinal, ce nouvel arrivant qui se porte très bien

Par Michel Paul Côté 11:00 AM - 24 octobre 2023
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La rumeur veut que cardinal tire son nom des cardinaux, dans la religion catholique, qui portent des soutanes rouges lors des grands événements. Impossible de ne pas le remarquer immédiatement dans son plumage éclatant.

Régulièrement, des lecteurs me contactent pour me dire qu’ils ont aperçu un cardinal près de leur mangeoire. On veut savoir si c’est fréquent, et surtout comment faire pour qu’ils demeurent fidèles au lieu visité. Le cardinal n’est pas un oiseau que l’on rencontre fréquemment dans Charlevoix. Mais il est remarquable.

Long de 20 centimètres, le mâle est rouge éclatant, la face noire, avec un bec rouge solide, capable de broyer les graines les plus dures. Il porte fièrement une huppe rouge. La femelle, moins flamboyante que son compagnon, possède un plumage plutôt grisonnant, avec des teintes rosées sur la huppe, les ailes et la queue. Son bec est rose.

Abondant aux États-Unis, le cardinal est arrivé dans l’extrême Sud du Québec il y a environ 60 ans. On l’observait rarement le long de la frontière américaine, dans les basses terres du Saint-Laurent.

Dans le volume de Claude Mélançon «Charmants Voisins», rédigé en 1947, aucune mention n’est faite de cette espèce.

Puis lentement, son aire de distribution s’est élargie, pour atteindre la région de Montréal dans les années 80. L’espèce affectionne les forêts broussailleuses, les jardins boisés et les parcs urbains. C’est un grand amateur de cimetières, j’ai habité sur l’île de Montréal pendant plusieurs décennies, et le chant caractéristique du cardinal est vite devenu un compagnon quotidien dans les années 90. 

Depuis près de 30 ans, les mangeoires se sont multipliées au Québec. Le cardinal a profité de cette abondance de nourriture pour élargir son territoire. Étant donné que c’est un oiseau qui passe toute l’année chez nous, il a su profiter des graines offertes pendant l’hiver. Sa nourriture étant constituée d’insectes, de fruits et de graines, on se rend compte que le réseau de mangeoire est fort important pour sa survie l’hiver.

Et le cardinal ne fait pas que survivre, mais il se porte très bien chez nous.

Quelques chiffres

Lors du dernier recensement des oiseaux nicheurs du Québec effectué de 2010 à 2014, on a observé l’espèce sur 403 parcelles, par rapport à 88 vingt ans plus tôt. Lors des recensements de Noël, le premier Cardinal fut aperçu en 1964. En 1990, lors du même événement, on en rapportait 90. En 2014, le nombre d’individus observés fut de 1500… Entre 1990 et 2014, la croissance de l’espèce au Québec fut de 700%. C’est l’espèce d’oiseaux nicheurs qui a connu le plus grand taux d’augmentation.

L’urbanisation de la vallée du Saint-Laurent et l’expansion du réseau de mangeoires sont les 2 raisons qui expliquent ce succès.

Un couple exemplaire

Le cardinal n’est jamais seul. Monogames exemplaires, le couple passe chaque moment de leur vie ensemble. 

Aux mangeoires, le mâle insiste pour se servir avant sa compagne. Elle ne semble pas s’en offusquer. L’accouplement se produit vers la fin de l’hiver, après un rituel de séduction qui dure quelques semaines. En plus de lui chanter la pomme, le  mâle offre de la nourriture à sa douce, les becs s’effleurent à chaque bouchée. 

Le nid est discret, profond, formé de brindilles et d’écorce. C’est la femelle qui le construit. La femelle va couver les 2 à 5 œufs pendant 2 semaines. Le mâle est attentif à ses besoins et lui apporte continuellement la nourriture.  Les oisillons demeureront au nid pendant 11 jours
et sont nourris par le couple.


Puis c’est le premier envol. Ils demeureront quelques semaines autour du nid, puis iront faire leur vie
ailleurs. 

Le couple peut avoir 4 couvées par an. Cela explique en partie la croissance rapide de l’aire de distribution du Cardinal au Québec.

Dans Charlevoix, les observations sont occasionnelles. Au moment d’écrire ces lignes, l’application eBird ne rapporte aucun cardinal sur notre territoire. Mais l’oiseau y est bien présent, particulièrement sur les basses terres longeant le fleuve. Car on rencontre rarement un cardinal à une élévation supérieure à 200 mètres. Soyez à l’affût. L’île aux Coudres, Baie-Saint-Paul, La Malbaie, Clermont. Le cardinal est présent.

Et pour répondre à la question: comment l’attirer et le fidéliser à notre mangeoire? Il y a un secret: les graines de carthame. Il en raffole, ne peut y résister. Cette nourriture est toutefois dispendieuse. C’est pourquoi les bienheureux qui réussissent à attirer et retenir le cardinal utilisent souvent une mangeoire spéciale à cardinal, qui empêche les autres espèces de dérober ces précieuses graines.

Bonne chance, et tenez-moi informé de vos observations.

La femelle est toute aussi belle, moins flamboyante. Huppe et bec sont roses. Elle nous surprend et nous charme toujours lorsqu’elle se présente à la mangeoire.

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